p l a i e m o b i l e | tom snowdon

Ils étaient tous là, à l'intérieur de cette véranda leur offrant un immense panorama sur toute la verdure de leur jardin et de ceux de leurs voisins. I y avait la famille proche et la famille éloignée, il y avait cette infirmière qui s'occupait de cette femme, au coin de la pièce, cette infirmière qui lançait un regard d'espoir vers toute cette famille, mais qui lisait très bien la tristesse derrière leurs sourires. Il y avait les enfants qui jouaient, insouciants, ils ne comprenaient pas ce qui se passait. Enfin, il y avait ce garçon, ce tout petit garçon, d'à peine six ans, qui serrait fort le poignet de sa mère, qui lui assurait qu'il allait le tuer, ce cancer, et elle le regardait avec tellement de bienveillance, tellement d'amour, un petit rire s'échappait de ses lèvres, alors qu'elle lui répondait "Je sais mon chéri, tu es le plus fort !"

Mais trois mois plus tard, la nouvelle était tombée. Le père s'approchait de ce petit garçon, il avait une mine triste, encore plus lorsque l'enfant lui demandait comment allait sa maman. "Elle est partie Tom." Avec sa naïveté, et peut-être bien car il refusait d'y croire, il l'assommait de questions. "Mais elle est partie où ? Pourquoi ? Quand est-ce qu'elle reviendra ?" Le père ne put plus retenir ses larmes, et en le voyant ainsi, le petit comprit.

Durant une année entière, il fut incapable de parler, comme si on lui avait brisé les cordes vocales. Il restait enfermé dans sa chambre, ne voulait voir personne. Il retournait à l'école à un moment de sa vie où sa blessure n'était pas encore guérie. Dans sa classe, tous avaient un an de moins que lui, mais ça n'était pas grave, il ne l'avait même pas remarqué.

Ce fut à son tour de tomber malade, il ne mangeait plus, et son teint était devenu pâle. Une nouvelle fois, le garçon manquait les cours, et on ne parvenait pas à trouver la source du problème. Sa vie se résumait à d'incessants allers-retours entre l'école et les hôpitaux. Au bout de plusieurs mois, on lui trouvait enfin une pneumonie, il fut enfin prit en charge, et se rétablissait lentement, mais sûrement.

Il avait douze ans et fêtait bientôt sa treizième année lorsqu'il entrait enfin en dernière année de primaire. Là, il fit la rencontre d'une personne qui allait par la suite énormément compter pour lui.

Il y avait alors tous ces rires, tous ces après-midi à courir dans la forêt et à faire des bêtises. Des bêtises d'enfants, oui. Il y avait cette amitié solide, que nul ne pouvait briser, il y avait le club de hockey, un rêve commun que chacun s'était juré de réaliser. Ils seraient de grands joueurs, et ils se donneraient les moyens pour y arriver.

Mais petit à petit, il y avait aussi ce malaise chez Tom qui grandissait, cette manière dont il regardait cet ami, cette façon qu'il avait pour éviter d'y penser. Il se cachait derrière des relations qui, pour lui, n'avaient aucun intérêt, seulement, il ne pouvait pas faire autrement. Il ne voulait pas tout gâcher, il ne voulait pas risquer de perdre encore une fois une personne qu'il aimait.

Et il y avait cette journée pluvieuse, peut-être un peu trop clichée, cette journée où il était venu se recueillir, et parler. Il n'attendait pas de réponse, il savait qu'elle ne pouvait plus lui en apporter, mais parfois, il avait l'impression de sentir sa présence, et ça lui faisait du bien, ça le soulageait. Il y avait ce bouquet aux teintes violettes, aux senteurs de lavande, qu'il lui offrait, avant de partir et de commencer une nouvelle journée.